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        A l'ombre de la lanterne et du moineau
voyage en Inde
         
   

Récit d'un voyage en Inde, tissé de poèmes dans l'esprit du haïku.
Deuxième voyage, premier livre - Calcutta, Bolpur, Bénarès, Allahabad...

éditionss Paupières de terre
épuisé

extraits :

Le Toofan Express roule en direction de la gare de Moghulseraï.

Dans les trains en Inde, de nuit comme de jour, je ne m’ennuie jamais;
30 km/h de moyenne, des pointes à 70, de longs arrêts inexpliqués...
Des jongleurs, des chanteurs, des cireurs de chaussures, des marchands
ambulants : boissons, nourritures de toutes sortes, peignes, lampes de
poches derniers modèles et pistolets à rayon laser en plastique rose
qui font tac atac atac…

Bénarès est dédié au dieu Shiva, celui qui mène la danse et coupe le fil.
Sur une de ses rives : la ville des vivants, imbrication de temples,
de ruelles moyenâgeuses, de palais de maharadjahs…

Le soir, les enfants s’amusent sur les ghats, longs chemins au bord du Gange.

Les oiseaux jouent
avec les cerfs-volants
la lune compte les points

Au hasard d’une ruelle, je débouche sur les ghats de crémation.
Je bois un tchaï en compagnie d’une petite fille du quartier.
Je passe une porte qui donne sur le Gange.
Au loin des centaines de barques chargées de monticules de bois ;
juste en dessous, des feux.

Sur sa civière
dans une soie rouge et or
un mort rebondit

Embrasements
sur le Gange
les feux sont pour les morts

Le bois pour un mort
100 roupies
bakchich 2 roupies !

Des os, des braises, des cendres
un bout de tissu orange
bientôt plus de différence

 

Depuis une semaine, départ de cars pour Allahabad toutes les demi-heures.
Dans quelques jours, commencera la grande réunion, la grande fête… la Kumba Mella.

La Kumba Mella a lieu tous les douze ans. C’est le rassemblement
de toutes les familles de l’Inde hindouiste (et autres indépendants,
errants, pèlerins, malades, disciples, familles, enfants, vaches sacrées,
éléphants…). Elle a lieu au confluent de trois fleuves, deux fleuves visibles,
le Gange et la Yamuna, et un fleuve invisible, la Sarasvati.

Sous la crasse
le mur est rose
dormir à Allahabbad

L’orange mangée
l’écorce et les pépins
font une fleur

Grandiose
le bruit du train
au milieu des prières

Le Gange, le brouillard, la poussière
la musique des temples
y a-t-il autre chose à emporter ?